Les décisions récentes du gouvernement marocain, imposant des amendes, procédant aux perquisitions et autres saisies de biens, et enfin les peines d’emprisonnement affectant des journalistes, démontre que nous assistons à une escalade de mesures punitives prenant des proportions alarmantes et très sérieuses surtout à l’encontre d’une certaine catégorie de journalistes. Il serait d’abord pertinent de souligner que cette politique en réalité s’inscrit dans un registre qui est tout à fait contraire au climat »d’ouverture », et des avancées que l’état et le gouvernement ne cessent de »promouvoir » sur les canaux officiels. Cette situation nous oblige à nous poser des questions sérieuses sur cette tournure »policière » et dramatique vis-à-vis de cette catégorie en particulier, et dans le contexte général de »réformes » que l’état entend mener et à sa tête la monarchie ne serait-ce que dans ses discours en règle générale.
La monarchie qui cherche à imposer le principe de la sacralité coûte que coûte dans une course contre la montre, et dans ce contexte de croissance fulgurante que connait la demande de liberté d’expression au Maroc. Les prérogatives du roi faisant la une de la presse, le palais se sent dépassé par les évènements et riposte avec violence.
L’opposition politique a été réduite à néant . Quel parti ose encore demander et agir pour une vraie réforme constitutionnelle? Les gouvernements dits d’alternance dont l’ossature principale est le PI et l’USFP, après avoir retardé le Maroc de plus de 50 ans lorsqu’ils étaient dans la soi-disant opposition ont perdu la confiance du peuple.
La réforme constitutionnelle, c’est en substance d’obliger le roi a renoncer à quelques-unes de ses innombrables prérogatives. Et qui peut mener ce combat ? Les politiques, tout le monde sait bien que non. Les militants associatifs ? Ceux qui dérangent sont déjà muselés. Reste la presse « indépendante », qui a ses défauts, mais qui a quand même l’immense mérite de s’opposer frontalement à la monarchie. C’est un combat violent entre le Palais et les vrais journalistes, un combat qui ne se terminera que par KO. Le Pouvoir absolu ne supporte pas une quelconque opposition. Après la gauche et les islamistes, c’est au tour de la presse indépendante de mesurer la puissance d’écrasement du Palais.
La lune de miel est terminée, la mascarade de la modernité, du roi des pauvres a échoué. Les autorités marocaines cherchent à mettre à genoux à tout prix le pays.
Au Sahara Occidental, le pouvoir marocain n’a pas eu meilleure chance. L’Intifada est devenue une véritable arme politique dans les mains d’un Front Polisario qui se sent paralysé par un processus de paix onusien qui ne finit jamais. Les responsables marocains pensent que l’arrestation des militants sahraouis des droits de l’homme et l’application de la politique de « tolérance zéro » finiront avec l’Intifada qui vient de souffler sa quatrième bougie.
Le roi Mohamed VI dans son dernier discours commémoratif de la Marche Verte a déclaré qu’au Maroc « ou on est patriote, ou on est traître ». Cela veut dire que vouloir l’indépendance est une trahison, ce qui fait de la trahison la forme la plus noble de patriotisme au Maroc.
Mais, apparemment, le pouvoir marocain n’a pas osé faire la même chose avec Aminatou Haidar, lauréate du prix RFK et candidate au Prix Noble de la Paix. Faute de pouvoir l’emprisonner, le Maroc recoure à l’aide de l’Espagne pour déporter la Ghandi sahraouie. L’absence de passeport a empêché sa sortie de l’Espagne, mais pas son entrée malgré que la loi interdit l’accès au territoire espagnol à toute personne sans passeport.
Les mesures de riposte du régime marocain arrivent au moment où le Maroc vient de perdre une bataille importante dans le dossier du Sahara occidental. Depuis quelques semaines, le front européen favorable à Rabat n’est plus aussi uni que par le passé. Sans surprise, les premiers signes de fissures sont venus du Nord de l’Europe. Fin octobre, la Suède avait réagi à l’arrestation de sept militants sahraouis à l’aéroport de Casablanca. Stockholm avait fait état de ses préoccupations et demandé au gouvernement marocain de la tenir informée sur l’évolution du dossier.
La Suède qui préside l’UE a irrité les autorités marocaines avec sa défense des droits de l’homme des sahraouis jusqu’au point de demander le départ d’une diplomate suédoise sous des accusations fantaisistes. La guerre menée actuellement par le pouvoir marocain se situe à tous les niveau. A l’intérieur, contre les constantes revendications pour les libertés publiques. Au Sahara Occidental, contre l’indépendantisme sahraoui. A l’étranger, contre l’offensive diplomatique programmée par le Front Polisario lors du récent renforcement du corps diplomatique sahraoui et l’ouverture de nouvelles représentations dans le monde.
Soyez le premier à commenter