La nouvelle que le roi Mohamed VI a investi des dizaines de millions de dollars dans un complexe touristique à Macao, premier paradis asiatique des casinos, a agité l’opinion publique marocaine. Le Commandeur des Croyants, comme le jeune souverain se considère par rapport à ses sujets, a placé un volumineux capital dans les jeux de hasard, interdits rigoureusement par la doctrine islamique. La cour alaouite cherche passionnément un bouc émissaire sur lequel jeter les fautes pour sortir du pétrin.
Pedro Canales. Rabat, 03-11-2009
« Le roi Mohamed VI fait partie d’un groupe d’investisseurs victimes d’un placement infructueux à Macao ». Sous ce titre l’agence de presse française AFP, annonçait mardi 27 octobre, la nouvelle, suivie par les détails de la scabreuse affaire. En faisant l’écho du journal de Hong Kong, South China Morning Post, l’agence française informait que les investisseurs, qu’avaient fait confiance au manager chinois David Chow, cherchaient à tout prix à être indemnisés, à partir du moment où les promesses de l’homme d’affaires de mettre en bourse la Fisherman’s Wharf, un complexe touristique de haut standing à Macao dont la principale attraction est le jeu de casinos, se sont envolées. La société SIGER (acronyme inverti de Regis, roi en latin), qui gère le patrimoine personnel du Roi et de la Famille royale alaouite, voulait seulement récupérer le capital de plusieurs dizaines de millions de dollars placés entre les mains de Chow.
En effet, Mohamed VI et le multimillionnaire britannique David Ross, co-fondateur de Carphone Warehouse, groupe de téléphonie britannique, avaient acquis dans la banque Merrill Lynch un lot d’actions de Macau Legend d’une valeur de 400 millions de dollars.
Cependant, un malheur ne vient jamais seul. À l’infructueuse affaire, on a soudainement ajouté le scandale des nouvelles diffusées par l’AFP. Les moyens de communication du Palais royal ont rapidement dû réagir pour contrecarrer l’effet médiatique néfaste. La société SIGER a émis un communiqué annonçant que « le projet (dans lequel a été investie la grosse somme) avait, outre son parc de jeux et les hôtels correspondants, un secteur consacré au jeu de hasard. Ce qui est contraire à l’éthique de l’investisseur marocain », c’est-à-dire du Roi. C’est la raison qui, toujours selon Regis, se trouve derrière la décision du retrait du capital investi dans le projet.
Mais, étant donné que plusieurs mois se sont écoulées sans que cet retrait soit effectuée, Regis l’attribue au fait qu’elle espérait que la société (Fisherman’ s Wharf) entre en Bourse, et alors vendre ses actions ». Une explication rocambolesque qui n’a pas convaincu l’opinion publique. D’autant plus que Macao (7.500 millions de dollars d’entrées en devises par jeu en 2007) est connu dans le monde, non par ses parcs d’attractions familiales, ni par ses plages, ni par sa nature exubérante, mais pour être le premier paradis mondial du jeu, devant Las Vegas (7.000 millions de dollars de devises par jeu en 2007). En 2001, ke jeu a été libéralisé à Macao, qui, en plus de paradis fiscal, s’est transformé en la principale place de paris de toute l’Asie, destinée des grandes entreprises du jeu. Pour essayer de couvrir le scandale, quelques moyens de presse proches du Palais royal marocain, insinuent que derrière la filtration de la nouvelle se cache une manipulation, que le Maroc Hebdo attribue « aux adversaires traditionnels du nouveau régime marocain ». ET pour ne pas laisser l’accusation dans l’ambiguïté, on dit que ces adversaires peuvent être « dans la famille ou en dehors d’elle ». Curieusement, « dans la famille », la seule personne à laquelle on a attribué l’intention « de faire retourner le pays dix ans en arrière » est le cousin du roi, le prince Moulay Hicham. L’insinuation de l’hebdomadaire ne laisse pas lieu à des doutes : le prince, un véritable Machiavelo, veut ternir l’image du Roi en prétendant une affaire de «purement capitalistique».
Cependant, ce que les loueurs de l’investissement royal dans des casinos oublient de mentionner c’est que Moulay Hicham continue à attendre l’accord du Roi pour effectuer un investissement au Maroc de cent cinquante millions de dollars dans sa première phase, et construire une nouvelle ville proche de Rabat, avec toutes les prestations et conforts modernes, capable de loger 80.000 habitants. Le projet, qui permettrait la création de milliers de postes de travail, continue à attendre, depuis plus de deux ans, que le Palais donne son accord.
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