Au nom de la stabilité du pays… et de la monarchie

C’est vrai que le métier du conseiller du roi est difficile. Il faut d’abord avoir l’art de baiser la main de sa majesté recto–verso, sans y laisser une goutte de salive. Ensuite il faut conseiller le roi avec une boule de cristal, parce qu’en cas d’erreur c’est la punition par le grand chien méchant, le ministère de l’intérieur, qui va l’humilier devant les autres pour les avertir du sort de celui qui ose vexer le roi.
A noter aussi la grande variété de conseillers du roi. Cela va du conseiller pour le Sahara jusqu’au conseiller des cravates et des costumes de sortie en passant par des conseillers des cadeaux, des invitations, de l’éducation des enfants, au conseiller d’achat d’amitié des VIP étrangères…
Ces conseillers ont été gâtés avant de rejoindre la clique du roi, ils ont passé des beaux jours à l’hôtel Sheraton, aire de repos ou même salle d’attente pour les patients pris en charge par le palais pour se prendre la tension et le pouls chez des grands médecins à Paris, en même temps faire des courses et faire connaissance avec la belle vie qui les attend s’ils font preuve de fidélité. Un scénario qui illustre bien l’avilissement de la classe politique au Maroc et de ses élites qui acceptent tout, pourvu qu’ils tournent en orbite autour de la personne du roi ou de ses proches, pourvu que les poches se remplissent et pourvu que l’on s’insinue dans une quelconque sphère d’influence.
Une grande majorité de cette élite est originaire de Fès. A eux appartient le Parti Istiqlal et ils font la grande majorité des intellectuels marocains parce qu’ils ont passé leur jeunesse en France à suivre tranquillement leurs études, tandis que le peuple versait son sang pour l’indépendance du pays. Le peuple composé majoritairement d’analphabètes, ils occupent les postes les plus importants.
En plus, comme ils disputent aux Alaouites le mythe improbable de la descendance prophétique, ils sont des alliés objectifs du régime et un réservoir inépuisable de grands commis de l’Etat. Ils constituent la caste de corrompus et d’alliés du régime et la 5ème colonne des intérêts occidentaux au Maroc.
L’enceinte du palais franchie, ces conseillers et fonctionnaires vont se jeter sur le peuple pour lui faire subir ainsi la colère du roi qu’ils ont eux même subi.
Le peuple, lui, paye les erreurs du régime et on lui demande, en plus de garder le sourire, de se prosterner devant son roi, de ne dire de lui que du bien, de le défendre en toute circonstance, même quand il se trompe ou quand la réalité de notre monde et le principe du respect des droits de l’Homme ne lui est pas favorable. Cela au nom de la stabilité du pays.
Ainsi, le conseiller royal Mohamed Moâtassim a réuni les leaders de plusieurs partis politiques pour les inciter à condamner la tentative de rupture du jeûne en public, initiée par le mouvement MALI. Selon Moâtassim, un “complot étranger” vise à déstabiliser le royaume à travers ce genre d’actions. Pire encore, Moâtassim a mis dans le même sac les émeutes sociales de Sidi Ifni et Sefrou.
Compte tenu des arguments massues du régime qui sait vendre pour quelques milliards la stabilité du Maroc, en faisant valoir les risques imminents d’une crise sociale, des émeutes du terrorisme, de la faim et des milliers de réfugiés qui débarqueraient sur les côtes européennes, on rejette la faute à l’Espagne, à l’Algérie, au Polisario, à la menace extérieure et on sort le prétexte de la stabilité du pays qui n’est autre que la stabilité de la monarchie.
Quelle grossièreté sur Sidi Ifni ! Une ville dont les habitants ont été victimes de la répression sauvage, barbare, et stupide du Makhzen. Sidi Ifni, où les forces de répression du Makhzen médiéval se sont comportées comme des voyous qui n’ont pas hésité à pénétrer illégalement dans des maisons privées et à violer ses femmes. Une violence inouïe qui dénonce le grand mensonge du Makhzen sur « l’Etat de droit », qui annule de facto toute l’hystérie collective d’une certaine « Instance Équité et Réconciliation » dont les politicards du Makhzen font souvent l’éloge. Bref, une violence qui n’a rien à envier aux pires années de plomb.
Pourtant, les gens de Sidi Ifni comme les Casablancais des années 1980 voulaient juste travailler, vivre décemment. Ils voulaient profiter des ressources de leur région (ce qui est légitime ailleurs et notamment dans les nombreuses régions autonomes ou semi-autonomes des pays démocratiques).
Mais le Makhzen cynique et médiéval préfère les condamner au rôle de simples témoins du pillage systématique de leurs richesses halieutiques par les sociétés des généraux de l’armée, et celles des hommes d’affaires ou hommes de paille du Makhzen, prédateurs et méprisants.
Les mensonges du Makhzen et de ses esclaves sur les prétendus complots ne pourront en aucun cas cacher la vérité que le monde entier connaît parfaitement et notamment les ennemis héréditaires du pays. Tout cela et le roi Mohamed VI en spectateur passif. En plus, il a le droit de s’ajouter un autre titre. De Commandeur des Croyants, il est devenu « Roi des Pauvres ». Un roi qui n’est roi que dans ses dépenses ailleurs… le reste du temps juste un être trop banal sans aucune conscience ni valeur humaine. Pire encore, à différence de son père, il n’a aucune autorité. Son incompétence a fait qu’il passait tout son temps en touriste avant d’être dénoncé par la presse internationale.
Les luxueuses stations de ski en Europe attendent avec impatience l’arrivée de sa majesté où il passera quelques semaines à côté de la Jet-Set sans se soucier du sort de ceux qui habitent dans des bidonvilles ou qui gagnent leur pain à coup de chariots tirés par des ânes.

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