Le roi du Maroc confirme ainsi son affrontement avec Moulay Hicham, surnommé le « prince rouge » à cause de ses critiques à la monarchie
IGNACIO CEMBRERO 02/10/2009
Le prince Moulay Ismail, le cousin germain du roi Mohamed VI, s’est marié le week-end passé et la Maison Royale marocaine n’a diffusé que deux photos de la célébration. Au Maroc la différence entre les deux, et le message implicite qu’elle porte, a été le sujet de conversation de la semaine dans la presse et dans la rue.
Moulay Ismail apparaît dans l’une des photos, avec sa fiancée, Anissa Lehmkuhl, une allemande convertie à l’Islam, ses parents, et, dans le côté, habillé d’un costume, veston et cravate, le plus grand frère du fiancé, le prince Moulay Hicham, de 48 ans, troisième dans la ligne de succession au trône du Maroc.
Sur l’autre photo, publiée en plus grandes dimensions par les journaux officiels, on voit toute la famille royale, avec le roi et son fils Hassan placé entre les fiancés, mais on ne voit pas Moulay Hicham et à son épouse qui ont été exclus de l’instantanée, selon des témoins oculaires. Le plus grand frère du fiancé n’a pas été invité non plus à la fête restreinte que le monarque a offerte le vendredi soir du 25 septembre dans le palais réel. Par contre, il a assisté à une autre célébration, plus grande, le lendemain.
Depuis qu’il a été intronisé, en 1999, Mohamed VI a toujours des relations crispées avec le plus grand de ses cousins germains, mais il ne l’avait jamais mis en scène de cette façon. Surnommé le « prince rouge », Moulay Hicham est un intellectuel qui a l’habitude de se lamenter, dans des articles de presse et dans des conférences qu’il a prononcées, que la démocratie « n’arrive pas au Maroc ». En 2002 il a choisi de s’exiler aux États-Unis.
La presse officielle marocaine s’est abstenue de commenter le message implicite transmis par ces deux photos, mais des journaux et des hebdomadaires indépendants ne s’empêchent pas de le faire. « Il est difficile de ne pas interpréter sa diffusion comme la confirmation de la chute dans le malheur de Moulay Hicham », signale l’hebdomadaire « Le Journal » dans son éditorial qui sera en vente cette après-midi.
Le journaliste Khalid Jamai décrit ce qui est arrivé comme une « discrimination photographique » dans sa colonne publiée dans le quotidien « Akhbar Al-Youm » juste avant qu’il ne soit fermé par le Ministère de l’Intérieur, au début de semaine, pour avoir mis en couverture une caricature du prince Moulay Ismael. Et ensuite, en s’adressant au souverain, Jamai cite un proverbe marocain : « L’inimitié peut être perpétuelle, mais l’éducation doit être éternelle ». « Le roi n’a-t-il pas le devoir d’être exemplaire ? », finit par se demander Le Journal dans son éditorial.
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