Le Ministère de l’Intérieur ferme le quotidien « Akhbar al Yaoum » pour avoir publié une vignette dans laquelle apparaît Moulay Ismael, cousin du roi Mohamed VI, qui a célébré le samedi sa noce.
IGNACIO CEMBRERO | Madrid 29/09/2009
Au Maroc, l’été a été éclaboussé de sanctions et d’accusations du ministère public contre des journaux et des hebdomadaires qui ont écrit ou commenté la popularité du roi Mohamed VI ou sa maladie de fin août. Les premiers jours de l’automne confirment que les autorités ont décidé de serrer l’étau à la déjà amputée liberté de presse.
Cette fois-ci, c’est le tour du journal Akhbar Al Yaoum pour avoir publié une caricature du prince Moulay Ismael qui a célébré samedi passé, une fête de noce Anissa Lehmkuhl, présidée par son cousin Mohamed VI, comme annoncé par le communiqué du protocole royal. L’épouse est allemande, mais elle s’est converti à l’Islam quand, encore petite, vivait à Rabat où son père était conseiller militaire de l’Ambassade d’Allemagne.
Dans la vignette, publiée sur la couverture samedi, le prince apparaît en saluant sur un fond rouge, la couleur du drapeau du Maroc, « décoré avec l’étoile marocaine », selon Khalid Gueddar, le dessinateur, et Taoufic Bouachrin, le directeur du journal.
Il s’agit d’une « offense au respect dû à un membre de la famille royale », comme l’a signalé, lundi soir, le Ministère de l’Intérieur marocain dans un communiqué. En plus, poursuit, on a fait une « utilisation tendancieuse du drapeau national ». Par conséquent, il annonce qu’il poursuivra le journal en Justice. Le prince Moulay Ismael fera autant pour sa part.
« L’utilisation de l’Étoile de David » dans la caricature, ajoute le communiqué » met en relief un antisémitisme flagrant ». « Le fonctionnaire qui a confondu l’étoile verte marocaine avec le symbole bleu du judaïsme est mauvais de la vue », réplique le dessinateur.
Mais, la quelle que soit la rapidité de la Justice marocaine lorsqu’il s’agit d’instruire les dénonciations des autorités, le ministère de l’Intérieur n’a pas voulu attendre la sentence. C’est pour cela qu’il annonce dans le communiqué qu’il prendra des mesures contre « les moyens et les locaux du journal ». Il n’a pas réagi à temps pour séquestrer l’édition qui est arrivée à la rue samedi, mais il l’a fait avec celles étaient en route pour la vente lundi et aujourd’hui mardi. Pendant deux jours consécutifs, Akhbar Al Yaoum n’est pas arrivé aux kiosques.
« La police a clôturé nos locaux à Rabat et à Casablanca et a bloqué nos comptes », dénonce Bouachrin, directeur d’Akhbar Al Yaoum. « En réalité, je ne peux plus sortir le journal à la rue parce qu’ils me l’ont fermé », poursuit-il indigné. « La loi ne permet pas à l’Intérieur d’agir de cette façon, mais on l’a sautée ». « Seulement les tribunaux peuvent interdire une publication ».
En plus des deux plaintes portées contre ce journal, les tribunaux marocains devront se prononcer, fin août, sur les accusations formulées par le ministère public de Rabat contre le rotatif Al Jarida Al Oula et l’hebdomadaire Al Michaal, qui ont osé commenter le communiqué du médecin du monarque dans lequel on a annoncé qu’il avait besoin quelques jours de repos parce qu’il souffrait d’une infection par rotavirus.
Au début du même mois, le Ministère de l’Intérieur a ordonné la confiscation et la destruction des cent mille exemplaires des hebdomadaires Tel Quel et Nichane que, en collaboration avec le journal français Le Monde essayaient de publier un sondage sur la popularité de Mohamed VI qui donnait des résultats très favorables au souverain. Et encore, l’Intérieur a estimé que, selon la Constitution marocaine, la « personne sacrée du monarque » ne pouvait pas être soumise à un sondage n’importe quels que soient ses résultats.
Source : EL PAIS
Traduction : Diaspora Saharaui
Soyez le premier à commenter