En représailles des attaques du Front Polisario contre les bateaux de pêche espagnols, le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez décida, le 28 septembre 1985, l’expulsion du représentant du Front Polisario à Madrid. M. Boukhari Ahmed, actuellement représentant à New York, fut accompagné par des policiers jusqu’à l’avion qui le conduira à Alger.
Maurice Barbier, dans son livre « Le conflit du Sahara Occidental » (Ed. L’Harmattan) donne quelques détails sur les premières attaques du mouvement indépendantiste sahraoui contre les bateaux qui participaient à la spoliation des ressources halieutiques sahraouies moyennant des accords illégaux signés avec le Maroc. En voici un extrait :
« Le front Polisario attaqua de nombreux navires étrangers pêchant au large des côtes du Sahara Occidental. Il voulait ainsi affirmer la souveraineté de la RASD sur cette zone et protéger ses ressources halieutiques. Il enleva aussi des pêcheurs, notamment espagnols et portugais, et ne les libéra que contre une reconnaissance de la part de leur pays.
Plusieurs incidents se produisirent à ce sujet pendant les derniers mois de 1978, cinq chalutiers espagnols le 11 septembre, deux bateaux de pêche, l’un hollandais et l’autre espagnol, les 3 et 5 octobre (16); il coula encore un navire étranger le 24 novembre. Mais il y eut d’autres incidents pour lesquels le Polisario rejeta toute responsabilité. Ce fut le cas le 4 octobre 1978, quand le capitaine et 5 pêcheurs d’un chalutier sud-africain opérant au nord de Nouadhibou furent tués par des inconnus. Ce fut ainsi le cas d’un chalutier canarien coulé le 28 novembre 1978, entraînant la mort de 8 hommes. Le Polisario attribua cette attaque au Maroc, mais celui-ci déclina aussi toute responsabilité dans cette affaire. Le gouvernement espagnol demanda des explications à Rabat et ouvrit une enquête à ce sujet, puis il décida de protéger les chalutiers canariens par des navires de guerre. En tout cas, à partir d’octobre 1978, les attaques contre les bateaux espagnols cessèrent, car un accord intervenu entre le Polisario et l’Espagne, celle-ci acceptant de reconnaître celui-là en échange de la libération de ses prêcheurs prisonniers.
Il n’y eut aucun incident naval au cours de l’année 1979, mais les attaques de navires reprirent entre mai et septembre 1980. en effet, le 3 mai, le Polisario détruisit un bateau marocain apportant du ravitaillement à la garnison de Tarfaya (17). En juillet, il coula un chalutier marocain et en attaqua un autre en août. Pour protester contre l’accord de pêche entre l’Espagne et le Maroc, il arraisonna le 22 mai, un chalutier espagnol au large de Dakhla et fit prisonniers les quatorze membres de son équipage. Le 29 septembre, il s’en prit à deux chalutiers espagnols et enleva 25 pêcheurs (dont 23 espagnols). De même, il attaqua deux chalutiers portugais, l’un le 4 juin, l’autre à la fin de septembre, et captura chaque fois les 15 membres de leur équipage. Il détruisit aussi deux chalutiers sud-coréens en juillet et emmena les cinquante pêcheurs qui s’y trouvaient (18).
Les pêcheurs portugais furent furent libérés assez rapidement, les uns le 23 juillet 1980 et les autres le 8 octobre car le gouvernement portugais exprima son soutien au droit du peuple sahraoui à l’indépendance et accepta de reconnaître le Front Polisario comme son représentant unique et légitime. La libération des pêcheurs espagnols fut plus longue et plus difficile car le Polisario reprochait à l’Espagne son attitude à son égard et son accord de pêche avec le Maroc : Elle n’intervint que le 17 décembre 1980, après que l’Espagne eut renouvelé son appui au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination (19). De son côté, le gouvernement sud-coréen entreprit aussi des démarches diplomatiques pour obtenir la libération de ses pêcheurs prisonniers, mais celle-ci n’eut lieu que le 17 juin 1981, grâce à l’intervention du Comité International de la Croix Rouge.
(18) Ces dernières attaques auraient fait 6 morts et 3 blessés.
(17) Il y eut 10 tués et 7 prisonniers
(18) Il y eut également un incident le 12 juillet 1980 avec des navires au large du Sahara Occidental : deux bateaux-citernes ravitaillant des chalutiers cubains ont été attaqués par deux avions non identifiés, mais certainement marocains, qui firent un mort et huit blessés. Cuba en accusa le Maroc officiellement et dénonça sa responsabilité à l’ONU. Mais l’affaire n’eut pas de suite.
(19) Le Polisario libéra alors 35 pêcheurs espagnols. Le 10 novembre, il en avait libéré deux autres, qui étaient malades. » (fin de citation)
A partir de 1980, le Maroc se limite au « Sahara utile » en l’entourant de six murs dont le dernier fut terminé fin 1986. La construction du sixième mur d’une longueur de 1500 km (de Zak jusqu’à la frontière mauritanienne au sud vise à, entre autres, empêcher les forces navales du Polisario d’accéder aux côtes sahraouies pour attaquer les bateaux de pêche étrangers. Ce mur permettra au roi Hassan II de se rendre à Laayoune en mars 1985. Si le mur de défense à permis au Maroc de s’assurer le contrôle de plus des deux tiers du territoire sahraoui, sa construction était accompagnée de nombreux échecs diplomatiques. La RASD est reconnue par plus de 80 pays et admise eu sein de l’OUA, aujourd’hui l’UA, en 1984 en tant que membre à part entière, ce qui entraîna le retrait immédiat du Maroc de l’organisation panafricaine.
Pour protéger les ressources naturelles du Sahara Occidental, a été crée l’association Western Sahara Ressources Watch (WSRW) qui est un réseau international d’organismes et de militants qui recherchent et interviennent auprès des compagnies travaillant pour des intérêts marocains au Sahara Occidental occupé. Aujourd’hui, elle regroupe des organisations et individus de plus de 30 pays qui pensent que l’occupation de ce territoire ne prendra pas fin tant que le Maroc pourra tirer profit de cela. Les sociétés qui ont cessé de travailler pour le Maroc au Sahara Occidental sous la pression du réseau sont :
– TGS-Nopec (pétrole, 2002-2003)
– Fugro (pétrole, 2004)
– Wessex Exploration (pétrole, 2004)
– Yara (importations de phosphate, 2005)
– Thor Offshore (pétrole, 2005)
– Total (pétrole, 2004)
– Kerr-McGee (pétrole, 2006)
– Pioneer Natural Resources (pétrole, 2006)
– Selfa Arctic (pêche, 2005)
– Arnesen Shipbrokers (transport de phosphates, 2007)
– R-Bulk (transport de phosphates, 2008)
La campagne contre Kerr-McGee a été particulièrement complexe mobilisant des actionnaires dans 30 pays. Huit actionnaires se sont retirés de la société pour des raisons morales, pour une valeur totale d’environ 80 millions d’USD. Un grand nombre d’églises dans l’Etat de la maison mère de la compagnie, l’Oklahoma, s’est également investi dans la campagne.
En 2006, WSRW a lancé la campagne « Le poisson ailleurs ! » , afin d’empêcher l’Union Européenne de signer un accord de pêche avec le Maroc, qui permettrait à des bateaux de pêche de l’UE de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental. La campagne a marché dans 20 pays de l’UE, et a mobilisé 200 parlementaires européens, et a réussi à trouver un gouvernement pour voter contre l’accord. En dépit des protestations des Sahraouis, l’accord a été finalement signé par le Maroc et l’UE.
– Fugro (pétrole, 2004)
– Wessex Exploration (pétrole, 2004)
– Yara (importations de phosphate, 2005)
– Thor Offshore (pétrole, 2005)
– Total (pétrole, 2004)
– Kerr-McGee (pétrole, 2006)
– Pioneer Natural Resources (pétrole, 2006)
– Selfa Arctic (pêche, 2005)
– Arnesen Shipbrokers (transport de phosphates, 2007)
– R-Bulk (transport de phosphates, 2008)
La campagne contre Kerr-McGee a été particulièrement complexe mobilisant des actionnaires dans 30 pays. Huit actionnaires se sont retirés de la société pour des raisons morales, pour une valeur totale d’environ 80 millions d’USD. Un grand nombre d’églises dans l’Etat de la maison mère de la compagnie, l’Oklahoma, s’est également investi dans la campagne.
En 2006, WSRW a lancé la campagne « Le poisson ailleurs ! » , afin d’empêcher l’Union Européenne de signer un accord de pêche avec le Maroc, qui permettrait à des bateaux de pêche de l’UE de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental. La campagne a marché dans 20 pays de l’UE, et a mobilisé 200 parlementaires européens, et a réussi à trouver un gouvernement pour voter contre l’accord. En dépit des protestations des Sahraouis, l’accord a été finalement signé par le Maroc et l’UE.
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