Les sauts d’humeur de Mohamed VI

Depuis son intronisation, les sauts d’humeur du roi Mohamed VI sont devenus monnaie courante. Un exemple : C’est devenu habituel qu’il révoque puis réintègre ses gardes du corps. L’un d’eux, Khalid Fikri aurait même reçu une gifle après avoir été surpris par le roi en pleine discussion téléphonique à l’intérieur du palais royal à Fès. Pas plus tard qu’à la dernière cérémonie de la Bey’âa le 30 juillet dernier, il aurait jugé que des invités se seraient trop rapproché de l’étalon royal. Grosse colère de Sa Majesté! Ses deux gardes de corps préférés sont renvoyés pour correction à l’Académie de Police de Kénitra.

C’est au tour du chantier Anfa Place, à Casablanca, de subir les foudres de Mohamed VI. Il est à l’arrêt depuis le 4 septembre. Pour rappel, de nombreuses personnes se sont déjà acquittées d’une bonne partie des sommes destinées à l’achat de leurs futures propriétés.

Pour dissimuler la bourde du roi, l’agence MAP diffuse un communiqué annonçant la création par le Ministère de l’Intérieur d’une commission d’enquête pour « déterminer les conditions d’autorisation du chantier », ainsi que les « conditions futures de et le respect de la réglementation en vigueur tant sur le plan urbanistique ou de circulation sur le plan environnemental ou sur le plan des distances réglementaires par rapport à la mosquée adjacente pour ce qui concerne les autorisations des boissons alcoolisées ».
Est-ce dû à un saut d’humeur de Mohamed VI ou plutôt par crainte des futures plaintes des fidèles qui se rendent à la mosquée? 

Le journal  espagnol EL PAIS analyse la question dans un article paru le 16 septembre dont voici le texte intégral:

 

 

Mohamed un VI a ordonné d’arrêter deux semaines un complexe de luxe d’une société espagnole de construction

Inveravante érige un luxueux centre commercial et résidentiel dans la Corniche maritime de Casablanca. – Les travaux reprendront ce jeudi

 

IGNACIO CEMBRERO – Madrid – 16/09/2009

Qu’est-ce qui a déplu au roi Mohamed VI quand, le 4 septembre, il est passé devant le luxueux complexe que la promotrice immobilière espagnole Inveravante construit dans  la Corniche maritime de Casablanca ? Quelque chose a dû irriter le monarque pour qu’il appelle immédiatement le gouverneur de la ville, Mohamed Halab, pour lui ordonner qu’il arrête les travaux. Si tout va bien ils reprendront demain jeudi.
Peu de temps après le coup de fil royal à Halab, les forces de l’ordre ont débarqué à l’Anfaplace Living Resort, comme le projet a été baptisé, pour paralyser le chantier qui avait toutes les permissions légales. Depuis lors une fourgonnette commerciale de la police postait d’une manière permanente à l’entrée, deux mille travailleurs sont au chômage technique et la presse marocaine a spéculé presque quotidiennement sur les motifs de cette brusque décision.
Ce dont n’ont pas douté les journaux marocains c’est de qui a imposé cette paralysation. « Le Roi ordonne la suspension des travaux », titrait en première page, par exemple,  l’hebdomadaire satirique « Le Canard Déchaîné ». Plus prudent, le journal économique « L’Economiste » affirme que la mesure a été prise dans des « hauts lieux » en allusion au palais royal.
Depuis un an Inveravante construit, dans un espace de 93.000 mètres carrés en face de l’Océan Atlantique, un complexe qui inclut un centre commercial, un autre d’affaires, des zones de loisir et 260 appartements de luxe vendus au prix astronomique, pour le Maroc, de presque 3.000 euros le mètre carré. Inveravante appartient à l’entrepreneur galicien Manuel Jove, de 68 ans. Jove était président de Fadesa.
Dessiné par l’étude d’architecture de Norman Foster, le projet suppose un investissement de 2.800 millions de dirhams (255 millions d’euros). Il est situé près de la mosquée Al Saud, payée par l’Arabie Saoudite, et d’un palais appartenant à la famille royale saoudienne.
« Aucun responsable n’est prêt à informer des motifs de la suspension » du chantier, se plaignait « L’Economiste ». Le journal a signalé, cependant, que la terre extraite et répandue, en partie, par la chaussée adjacente ainsi ont incité à le paralyser. D’autres sources mentionnaient des possibles déficiences de sécurité parce que le chantier n’était pas clôturé. Les autorités et l’entreprise n’ont pas confirmé ni infirmer.
La Wilaya (Gouvernement Civil) de Casablanca et le Conseil municipal ont demandé à Inveravante de s’engager, selon des sources informées du projet, à réparer par écrit ces apparentes fautes. Son directeur exécutif au Maroc, Badr l’Ouazzani, a remis la lettre dans laquelle, selon la note de presse, il explique qu’elle n’épargnera aucun effort pour que « les travaux se développent dans les meilleures conditions possibles ». Peu après, elle a reçu le feu vert pour recommencer les travaux.
Il y a déjà sept ans la multinationale hôtelière espagnole Sol Meliá a connu pire. Elle n’a pas pu terminer Paradisus, un complexe résidentiel dans la ville côtière d’Agadir. Par la faute de ses partenaires marocains elle n’a pas achevé à temps la première phase du projet. Elle a demandé une prorogation au premier ministre, Driss Jettou, mais celui-ci la lui a refusée, par conséquent, elle s’est vue obligée de quitter le Maroc.
Un télégramme envoyé en 2002 par l’Ambassade de l’Espagne à Rabat au Ministère des Affaires étrangères espagnol a signalé que la vraie raison du refus du Premier ministre venait de la situation des terrains dans lesquels Sol Meliá allait construire. Ils étaient limitrophes avec un palais du roi dont la sécurité pouvait être mise en cause.

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