La farce des élections à Laayoune

La presse et diverses associations marocaines étaient unanimes pour condamner l’ambiance dans laquelle se sont déroulées les dernières élections municipales de juin 2009.
Comme d’habitude, les élections des présidents des conseils ont fait beaucoup de bruits, rendant les élections sous le signe d’une compétition féroce entre les différents partis. Plusieurs pratiques ont été mises en lumière : Des alliances incongrues, des menaces et violences, des séquestrations des grands électeurs soit contre leur grès ou avec leur consentement intéressé pour s’assurer soit de leur vote, soit de leur abstention. Des batailles politiques amènent à s’interroger sur la volonté des partis de favoriser un environnement adéquat au fonctionnement des réformes annoncées.
Sur les résultats des éléctions municipale à Laayoune, le journal du Palais Royal « Le Matin », en tant que relais de la propagande du gouvernement de Sa Majesté,  avait écrit sous le titre de « Le PI à l’aise à Laayoune«   :
 » A Laâyoune, où l’USFP avait été représenté par l’ancien président Hassan Derhem, connaît du changement. En fait, l’heure est à l’alternance. C’est l’istiqlalien Hamdi Ould Rachid, qui a remporté, haut la main, la présidence de la commune urbaine de Laayoune. Le parti de l’Istiqlal s’est assuré, dans cette partie des provinces du Sud, une majorité confortable. Il a pu obtenir 23 sièges. Le parti dont il craignait la rivalité et qui avait la présidence auparavant, l’USFP, n’a pu décrocher aucun siège. » 

Cette alternance n’a pas été relevée par L’Organisation Marocaine des Droits de l’Homme. Dans son rapport présenté le 23 Juin 2009, l’AMDH avait précisé que le Sahara est une « région chaude, et qui connait une dynamique politique particulière. »

Selon le rapport la phase de la pré-campagne électorale a été caractérisée par la distribution de plusieurs propriétés terriennes à Laayoune sur des citoyens. Quelques têtes de listes ont dit que cette action représente une campagne électorale prématurée, alors que le président du conseil municipal avait affirmé qu’il s’agit de la réinstallation légale des fonctionnaires de la municipalité et des habitants des camps Al Wahda.
A Laayoune, la campagne électorale était enragée dans plusieurs communes. Les supporters de certains partis politiques ont utilisé les bâtons, chaines et couteaux. Cela a créé un climat de peur et de crainte dans les quartiers de la ville indique le rapport. Il ajoute que deux policiers ont été insultés et menacés oralement par une foule de supporters d’un parti politique. De plus, les observateurs ont constaté que des candidats ont utilisé les véhicules des communes. Ils ont enregistré également plusieurs cas de violence, échange d’insultes, menaces armées, achats de cartes d’électeurs.
La dynamique particulière dont parle le rapport est celle imposée par la famille préférée du palais royale, les Ould Errachid.
Selon un article publié sur Wikipedia, à Laâyoune, le clan des Ould Errachid a été contraint d’emmener les 23 élus de leur Parti de l’Istiqlal dans une destination inconnue, à cause des manœuvres de certaines personnes qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour soudoyer deux élus de la majorité absolue au point de promettre 10. 000. 000 DH à chacun en cas de ralliement anti-Ould Errachid. Le Wali Mohamed Jelmous, considéré par certains représentant locaux des partis politiques, comme très proche de Fouad Ali el-Himma avait laissé trainer la date de fin de l’opération.
Selon le journal « Aujourd’hui le Maroc » dans son édition digitale du 29/06/2009, « le coordinateur des trois régions du Sahara du parti de l’Istiqlal Hamdi Ould Errachid a été élu président du conseil de la commune urbaine de Laâyoune, après un vote qui a duré plus de sept heures. »
« Une foule nombreuse s’est rassemblée près du siège de la commune urbaine de Laâyoune, pour assister les trois partis en concurrence, à savoir le parti de l’Istiqlal représenté par Hamdi Ould Errachid, le Mouvement populaire représenté par Sidi Mohammed Salem Al Joumani, alors que Bichr Al Boussouli s’est présenté sous l’étiquette de l’Union constitutionnelle. Ces deux derniers ont décidé de créer une alliance pour faire face au parti de l’Istiqlal, qui dispose déjà de 23 conseillers sur les 43 que compte le conseil de la commune urbaine de Laâyoune, et donc peut compter sur une victoire facile. Or, dès le début du vote, les deux têtes de liste à savoir Hamdi Ould Errachid et Sidi Mohamed Salem Al Joumani ne se sont pas accordés sur le mode de l’élection du président du conseil communal. M. Ould Errachid a opté pour les papiers colorés, alors que M. Al Joumani a choisi un simple papier blanc sur lequel chaque conseiller pourra écrire le nom de celui pour qui il votera » ajoute-t-il.
Le journal signale que « face à ce désaccord, le président de l’audience de vote, qui n’est autre que le membre le plus âgé parmi les conseillers, a intervenu pour imposer l’utilisation des papiers colorés comme moyen de vote. Chose qui n’a pas été apprécié par Sidi Mohammed Salem Al Joumani, qui a décidé ainsi que les 19 autres membres constituant son alliance, de se retirer sans voter. Les autorités publiques qui surveillent le déroulement de la cérémonie de la composition du nouveau bureau de la commune de Laâyoune, se sont déclaré neutre. Ainsi Hamdi Ould Errachid a été élu président de la commune urbaine de Laâyoune, et le premier vice-président n’est autre que Ahmed Lekhrif, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères viré par le roi à cause de sa nationalité espagnole. Deux femmes ont été élues vice-présidents. Les autres membres du parti de l’Istiqlal ont partagé la gestion des commissions, dont une a été entièrement confiée à des femmes pour la gérer. » 

Mais Assabah ajoute un détail que son confrère avait omis. Ceux qui ont  demandé les bulletins en couleur ont justifié leur choix par leur analphabétisme. Ila avaient déclaré qu’ils ne savent ni lire ni écrire. Le président de la séance a opté pour les bulletins colorés en disant « moi aussi je suis analphabète ».
Hamdi est le frère de KhaliHenna Ould Errachid, le roi des traîtres sahraouis. Celui-ci était le pion du colonialisme espagnol lorsque ce dernier a décidé de créer le PUNS (Parti d’Union Nationale Sahraouie) pour accorder une espèce d’autonomie au territoire sahraoui. Il a rallié le Maroc lorsque Hassan II a décidé de lancer la « Marche Verte » en novembre 1975. Il était l’un des proches collaborateurs de Feu SM le Roi Hassan II pour la politique saharienne de Rabat. Il a assumé la fonction de Ministre des Affaires sahariennes en 1977 et ce jusqu’en 1995 dans le Gouvernement Mohammed Karim Lamrani 3. Ould Errachid assume également la fonction de président du Conseil municipal de Laâyoune, et ce depuis 1983.
Mais, apparemment, tout cela n’est pas assez devant l’avarice de cette famille. Depuis plus de 15 ans, il a poussé son frère pour devenir son adjoint dans le Conseil municipal de Laayoune, et c’est lui le héros des feuilletons des scandales de corruption, de vol, d’adquisition de lots de terrains. Même de terrains destinés à devenir des places publiques ont été dérobées par ce personnage dépourvu de toute morale. En fait, l’alternance dont parle « Le Matin » est plutôt l’alternance de Khalihenna Ould Errachid par son frère, Hamdi.
L’analphabétisme des élus locaux de Laayoune et les agissements de la famille Ould Errachid illustrent d’une façon indéniable, la politique colonialiste du Maroc au Sahara Occidental et nous donne un avant-goût de ce que serait un territoire sahraoui autonome sous la souveraineté marocaine.

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