« Il convient de souligner qu’avec le Royaume du Maroc, les relations se sont inspirées d’un réalisme où se conjuguent un sentiment partagé de solidarité et des objectifs communs. Sans compter l’amitié réelle qui existe entre les deux peuples. Au moment de son splendide isolement diplomatique sur la scène internationale des années quatre-vingts, seul le Maroc lui manifestait sa solidarité, enfreignant même la consigne tacite que les Américains et les Européens croyaient dicter aux gouvernements du monde pour la mettre à l’écart. En revanche, la Libye a opéré un tournant majeur et décisif dans sa vision du conflit du Sahara, et le président Kadhafi –dont on pouvait croire et constater même qu’il soutenait au début de l’affaire le Polisario et donc l’Algérie – s’est immédiatement rétractée. Arrivé «impromptu » au Maroc en 1984, en plein mois de Ramadan, il était accueilli à Rabat par feu S.M. Hassan II qui lui présenta les familles et les parents marocains des membres du Polisario. Le dirigeant libyen, qui n’en crut pas ses yeux, changea immédiatement d’attitude et arrêta net son soutien, politique, financier et militaire, aux séparatistes du Polisario. »
C’est un extrait de l’éditorial du journal officiel marocain du 30 août. L’auteur n’avait, sûrement pas, prévu ce qui allait se passer le lendemain, 1er septembre, lors de la cérémonie de célébration du 40eme anniversaire de l’arrivée du Colonel Kadhafi au pouvoir.
Lorsque le Premier ministre Abbas le Fassi qui présidait la délégation marocaine a accédé à la tribune officielle, il s’est retrouvé face à Mohamed Abdelaziz, président de la République Arabe Sahraouie Démocratique. La délégation marocaine s’est immédiatement retirée de la cérémonie en signe de protestation contre la présence des représentants sahraouis et d’un d’un détachement de l’Armée Populaire de Libération Sahraoui dans le défilé militaire organisé pour l’occasion.
Par ailleurs, une unité des forces armées royales qui allait prendre part au défilé a annulé immédiatement sa participation et s’est retirée.
Le cabinet royal a exprimé ses vives protestations envers cette position surprenante, d’autant que toutes les garanties ont été fournies, et a demandé aux autorités libyennes de lui fournir les explications nécessaires et appropriées sur ce comportement hostile envers les sentiments du peuple marocain.
Pour achever cet incident diplomatique, le leader libyen a déclaré que « la solution unique au problème du Sahara Occidental consiste à organiser le référendum d’autodétermination » ce qui signifie exclure la proposition marocaine d’autonomie régionale dans un cadre de souveraineté marocaine.
La crise générée par cet acte entre les deux pays signifie un coup dur pour la diplomatie alaouite qui a subi dans les derniers de sérieux revers.
La détérioration brusque des relations entre Tripoli et Rabat a surpris le roi Mohamed VI dans sa résidence de Tétouan, où malgré qu’il se trouve encore en convalescence, il a été vu en train de pratiquer son sport estival favori de la moto nautique. Le roi semble s’éloigner peu à peu des problèmes incandescents auxquels la maladroite diplomatie marocaine doit faire face, fait qui augmente la fadeur de la diplomatie marocaine dans un moment où se multiplient les pressions internationales pour résoudre le conflit du Sahara Occidental.
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