Denis Vericel, éminent documentariste français, dans son étude La fabrication du consensus, les médias marocains et le Sahara Occidental) souligne : « Rien excepté une chose : chaque jour, depuis plus de 30 ans, tous les journaux marocains s’occupent d’une question : le Sahara Occidental. Aucune mise en question n’existe, uniquement une certitude : le Sahara Occidental est une partie du Maroc et le Maroc se bat pour l’Union Nationale et pour l’Intégrité de son Territoire »
Elisabeth Muller, Secrétaire Générale Adjointe de l’Association des Amis de la RASD, dans son article « Quelques souvenirs … un engagement: le respect du droit« dévoile que « si en apparence un large consensus prévalait sur la « marocanité » du Sahara Occidental, il m’est vite apparu que cette opinion était plus complexe et sans doute à nuancer. Les marocains que je côtoyais n’étaient pas vindicatifs. Certains, m’ont décrit la « marche verte » à laquelle ils avaient participé. Ils n’en étaient ni fières, ni bravaches, la plupart d’entre eux « semblaient savoir » qu’ils n’auraient pu faire autrement. J’ai rencontré également de jeunes militaires engagés (lorsqu’on n’a pas fait d’étude au Maroc c’est un des rares moyens de gagner sa vie et celle de sa famille). Ils étaient en poste au Sahara. Ils détestaient repartir après leur permission. Ils parlaient de leur peur, de ce sable, de ce soleil implacable qui n’arrêtait pas de les aveugler. Ils auraient préféré être à des milliers de kilomètres de là. Ils ne rêvaient que de l’Europe, des Etats-Unis, de pays où ils leur semblaient pouvoir vivre mieux. Moi, en les entendant parler, je pensais à l’ouvrage de Dino Buzzati « Le désert des tartares ». Des Sahraouis, ils en parlaient peu, sinon en riant autour des blagues de « Joummani » comme pour mieux circonscrire leur peur. L’indépendance ou pas l’indépendance …, ce n’était pas leur préoccupation. Eux aussi savaient qu’ils n’avaient pas le choix, savaient qu’il ne fallait pas contester « les décisions d’en haut ». Ceux qui étaient fonctionnaires râlaient. Non pas sur le terrain politique, la plupart n’étaient ni militants, ni intéressés par cette question, mais sur l’impôt « spécial Sahara » qui leur était retenu sur leur paie en fin de mois. Tous, par contre, connaissaient le sort qui était réservé à ceux qui avaient osé contester la souveraineté nationale sur le Sahara Occidental. Certains m’ont parlé de Serfaty, à l’époque incarcéré à Kénitra…, de Saïda Mnebhi morte à la suite d’une grève de la faim durant son incarcération. D’autres, originaires des villages à proximité de « lieux que l’on ne nommait pas », savaient que des personnes étaient embastillées ».
Trente-quatre ans après, grâce à cette politique malsaine, les marocains continuent à croire que les réfugiés sahraouis sont séquestrés par l’armée algérienne à Tindouf et que le Maroc fait tout son possible pour les libérer, que le Front Polisario n’est qu’une bande de mercenaires à la solde de l’Algérie. Il n’est pas question d’avouer au peuple marocain que c’est la volonté du peuple sahraoui qui l’empêche d’engloutir ce territoire, l’égo royal l’empêche de reconnaître que la décision d’envahir le Sahara était une erreur monummentale.
Ce consensus n’est pas un choix populaire, mais une méthode maquiavélique de pousser le peuple marocain à la soumission aux désirs du roi et justifier l’ocupation, la répression de la population sahraouie et le pillage de ses ressources naturelles.
Les marocains, au lieu de poursuivre dans cette hystérie saharienne, feraient mieux de se concentrer sur Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnols au cœur du Maroc. Mais la paranoïa semée dans leurs coeurs les empêche de voir la réalité en face et les maintient à la merci de ce régime sanguinaire.
Aimé Césaire à dit : » Il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave ». La dignité d’un homme guide son choix et fait qu’il préfère la liberté difficile à la soumission facile. C’est de celà que les marocains doivent prendre conscience.
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