La tournée de M. Christopher Ross constitue l’amorce d’une nouvelle étape dans le traitement du dossier du Sahara Occidental, après toute une série de règlements heurtés au cynisme du Maroc et de sa protectrice, la France. L’on évite de citer les Etats-Unis qui semblent, contrairement en France, décliner toute ingérence directe dans le conflit.
Bientôt s’ouvriront quelque part les contacts officiels entre le Maroc et le Front Polisario au sujet du Sahara. L’une des questions en suspens dans ces négociations demeure la position du Maroc. Va-t-elle se débarrasser de tous les démons du passé et s’adhérer à participer à une dynamique de paix dans la région ? Pour l’instant, tout ce qu’on entend ce sont les hypothèses et les fantasmes du régime marocain dans lesquels il réaffirme ses traditionnelles allégations et son opposition à toute solution politique consensuelle au différend sahraoui. Les déclarations des responsables marocains confirment, encore une fois, l’attitude paradoxale de ce pays à l’égard de ce conflit. On continue à répéter la chanson de l’autonomie. En fait, cela signifie que le Maroc s’est simplement contenté de transiger sur sa position classique pour assurer l’occupation définitive du territoire. Pourtant, l’ONU a déclaré cette proposition marocaine caduque et dépassée par le droit international. Une proposition qui frise le ridicule, surtout émanant d’une monarchie archaïque bâtie sur les cadavres des militants marocains et des combattants de la liberté sahraouis et dont la diplomatie n’a pour objectif que de préserver la monarchie même au prix de déstabiliser toute la région méditerranéenne. Une diplomatie qui a subi d’innombrables revers tant à l’Assemblée Générale des Nations Unies, au Conseil de Sécurité, au Comité Spécial de Décolonisation, comme à l’Union Africaine et à la Conférence des Non-alignés.
En effet, c’est là le sort inéluctable de tout plan et de toute tentative qui ne prendrait pas en considération les aspirations légitimes de ce peuple, fortement enracinés dans le droit international.
Durant longtemps, le Maroc a dupé l’opinion internationale, usant d’une panoplie d’artifices allant de la supercherie et le chantage, au mensonge et à la tergiversation. D’ailleurs, tout un chacun sait que la pseudo-proposition du Maroc n’est qu’une manœuvre tactique de dernière minute.
La communauté internationale a enfin découvert les faces cachées de la dictature alaouite où la fin, qui est la pérennité du trône, justifie tous les moyens dont les plus atroces, comme la tentative d’extermination de la population sahraouie avec des armes de destruction massive ou le soutien plus que prouvé des services secrets marocains aux opérations terroristes en Algérie. Les Espagnols ont toutes les raisons de se douter de l’implication du régime marocain derrière l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid.
Comme à l’accoutumée, les responsables marocains, en désarroi, vont chercher à dynamiter les efforts du M. Ross, faisant en sorte que les négociations ne portent que sur la mise en oeuvre du plan d’autonomie.
Néanmoins, l’heure est à l’optimisme et non à l’incertitude et Ross est un homme qualifié pour faire avancer le processus de règlement, d’abord parce qu’il est un grand connaisseur du Maghreb et du problème du Sahara Occidental, ensuite par ses qualités de responsable impartial et expérimenté. Sans oublier qu’il a accepté de prendre en charge un dossier sur lequel beaucoup d’hommes chevronnés se sont cassé les dents. Parce qu’il a sa vision à lui pour arriver à la fin d’un conflit qui n’a que trop duré.
Le Front Polisario, pour sa part, se trouve conforté dans sa position par la communauté et la légalité internationales auxquelles, pendant plus de 34 ans, a été donné de se rendre compte que toute solution se soldera par un échec si elle ne tient pas en compte les droits du peuple sahraoui.
La propagande visant à détourner les définitions du droit international et salir l’image du Polisario et de le qualifier de tous les mots (mercenaires, trafiquants, terroristes…) n’ont eu pour résultat que l’unanimité mondiale sur la mauvaise volonté des autorités marocaines. Tout comme il y a eu unanimité sur une solution qui respecte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Il n’y a pas une autre chance à la paix et à la construction d’une entité régionale pour les peuples du Maghreb et de la Méditerranée que la mise en œuvre des résolutions pertinentes de toutes les composantes de l’ONU et contraindre le Maroc à respecter ses engagements.
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