Le Maroc craint la démocratie

La fraude des dernières élections montre le blocage politique d’un règne incapable de se réformer.

Dans son discours au Caire, le 4 juin, Barack Obama a dénoncé les leaders qui plaident pour la démocratie au Moyen Orient et la violent une fois arrivés au pouvoir, mais il n’a pas osé mentionner ceux du Maghreb, une région qui n’a pas connu la stabilité depuis plus de 50 ans à cause des croisades expansionnistes marocaines. La dernière d’elles, l’invasion barbare du Sahara Occidental et la tentative d’extermination de ce petit peuple qui aspire à s’exprimer librement sur son avenir. Le président Obama a oublié de parler de ce régime sanguinaire bâti sur les cadavres des deux peuples marocain et sahraoui.

Le peuple marocain aspire au changement. Les Marocains pensaient qu’avec le décès de Hassan II et l’image d’un monarque réformateur comme Mohamed VI, le pays se dirigeait vers la démocratie. Hélas, les dix as de pouvoir de ce jeune monarque n’ont rien changé. La persistance de la répression, la violation des droits de l’homme, la restriction des libertés de la presse, la fraude électorale…sont des signes de la nature du système. Le Maroc n’est pas une monarchie absolue, c’est une oligarchie, dont les membres, pour défendre leurs intérêts, craignent les changements.

Le roi du Maroc et ses acolytes ne veulent pas partager le pouvoir avec les partis politiques. Après avoir reçu d’interminables demandes de réformes, les autorités de Rabat organisèrent les élections législatives de 2007 dont les résultats étaient un fiasco pour le régime. Le PJD, le parti islamiste les a remportées. Ces élections étaient un pas important pour certains, une réforme cosmétique, pour d’autres. Il a fallu inventer un nouveau parti présidé par un intime du roi pour faire un coup d’état aux islamistes et reprendre l’initiative sur le terrain. Pour cela, il n’y a rien de mieux que les élections communales du 12 juin pour présenter un nouveau faux visage de la société marocaine. Pendant la campagne électorale, les services de sécurité dans toutes les villes marocaines ont reçu des directives pour serrer la surveillance des discours du vendredi dans les mosquées et informer des Imams qui font de ce discours une tribune pour la promotion d’un des candidats islamistes.

Les agents d’autorité ont pris la peine d’inscrire des personnes, à leur insu, dans les listes électorales. Or, le taux d’inscription à ces listes est présenté par l’Etat comme un indicateur de l’engagement des Marocains.

Le peuple marocain qui a remis son habit de deuil face à la dérive totalitaire qui se produit sous ses yeux, n’a pas jugé utile de se joindre à cette mascarade d’élection destinée à promouvoir un ancien tortionnaire du Ministère de l’Intérieur et un guignol d’origine sahraouie dressé pour être un fidèle chien de garde. Cérémonie considérée à juste titre comme un non-événement. Un gâchis politique marqué par l’obscurantisme aveuglant et le refus de composer avec l’adversaire politique, surtout l’adversaire sahraoui, auquel on a voulu mépriser aux yeux du peuple marocain pour justifier la violence et la politique du fait accompli au Sahara Occidental.

Les dernières élections communales ont été un échec politique pour un roi qui n’a pas su établir un mécanisme de contrôle de la concentration des pouvoirs et des violations des libertés individuelles et publiques. Bref, tout ce que caractérisait le régime précédent est toujours palpable au Maroc : Esprit d’intolérance et d’exclusion, absence de ligne politique claire, restauration du culte de la personnalité, l’utilisation des fonds de l’Etat pour faire des « dons » au peuple sous le recours à des subterfuges pour masquer ses objectifs principaux, notamment : tailler le cadre institutionnel du pays à son profit et positionner en ordre utile ses lieutenants en vue de truquer les élections, etc…

La pire crainte du régime marocain est l’opinion du peuple marocain sur le conflit du Sahara Occidental. Sous la couverture de « l’intégrité territoriale », la loi punit toute opinion en faveur de laisser tomber le Sahara ou se prononcer en faveur de l’autodétermination de la population sahraouie. Toute liberté d’opinion risque de cultiver une opinion contraire à l’occupation militaire de cette ancienne colonie espagnole. Le seul moyen de maintenir cette fausse « unanimité » ou « consensus national » est la fraude électorale et la main forte.

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