Sahara Occidental : C’était le 8 juin 1976


C’était le 8 juin 1976, la première attaque des forces du Front Polisario contre Noukchott. Le choix de la capitale mauritanienne comme objectif militaire n’avait pas seulement des raisons militaires; il ne s’agissait pas de frapper le principal ennemi, mais le frère qui avait trahi « le sang et les serments », écrit Baba Miské. Et ce n’est pas n’importe quel endroit de la capitale qui était visé, mais symboliquement la maison de Mokhtar Ould Daddah, ce bureau même où le jeune leader sahraoui avait eu un an auparavant, une si fraternelle discussion avec lui. El Ouali Mustafa Sayed était venu proposer simplement l’unité des deux pays, qui aurait après la libération du Sahara, permis à presque toute la communauté hassanophone de se retrouver au sein d’une fédération. Mokhtar répondit à celui qu’il appelait son « jeune frère  » que ce serait là son plus cher désir. Ce qu’Ould Daddah ne dit pas, c’est qu’il avait signé le pacte de trahison avec l’ennemi commun, le Maroc, et qu’il s’apprêtait à tenir les pieds du Sahara Occidental pour aider Hassan à l’égorger. Le temps n’a jamais atténué l’indignation d’El Ouali.

L’alignement mauritanien sur Rabat effectué par Ould Daddah est considéré comme une réelle et douloureuse trahison. Dans une de ses allocutions, El Ouali s’interrogeait  » pourquoi? Pourquoi ? Pourquoi cette trahison ? Par cupidité ? Mais nous aurions largement partagé nos richesses. Par ambition ? Pour agrandir ses domaines d’un bout de plus de notre Tiris ? Mais nous étions prêts à lui offrir la présidence d’un Etat fédéral, englobant tout le Sahara, au lieu du morceau que lui laisse Hassan II et qu’il n’aura de toute façon pas. Pourquoi vendre ainsi ses frères et ouvrir la voie à l’annexion de son propre pays? ».

Pour El Ouali, la trahison était également grave à l’égard des deux peuples frères. Et c’est au nom des deux que le châtiment devait être infligé. Lorsqu’il dirige les forces de l’ALPS contre Nouakchott, se portant à la tête des troupes, c’est le prix de cette trahison qu’il vient réclamer à Ould Daddah. Aux yeux des Sahraouis, les revendications, marocaine et mauritanienne, débouchant, grâce aux accords de Madrid sur la double invasion de leur patrie, ne sont pas mises sur le même pied. Les Sahraouis savent depuis notamment l’opération Ouragan-Ecouvillon qu’ils n’ont pas grand chose de bon à attendre du trône marocain. En ce qui concerne les Mauritaniens, tout les rapproche d’eux. Hommes du désert comme eux, les Mauritaniens partagent une même culture, ils parlent la même langue, le hassania (la langue des Beni Hassan), dérivé de l’arabe classique et émaillé de mots berbères.

Le 5 août 1979, est signé à Alger un accord de paix entre le Front Polisario et la Mauritanie. Par cet accord, notamment,  » la République islamique de Mauritanie déclare solennellement qu’elle n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur le Sahara Occidental; (elle) décide de sortir définitivement de la guerre injuste du Sahara Occidental suivant les modalités arrêtées en commun accord avec le représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario. Le Front Polisario décide solennellement qu’il n’a et n’aura pas de revendications territoriales ou autres sur la Mauritanie. Neuf jours plus tard, le 14 août, le Maroc envahit la « zone mauritanienne » du Sahara Occidental.

Depuis la reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique par la République Islamique de Mauritanie en 1984, les relations entre les deux pays se sont renforcées, surtout après le cessez-le-feu en 1991 qui a favorisé un échange de visites important de la population des territoires occupés et des Campements en direction de la Mauritanie et vice-versa. Les relations entre les peuples sahraoui et mauritanien ont connu un nouvel essor avec la création par des intellectuels, des responsables de la société civile ainsi que des hommes politiques mauritaniens de la Ligue Mauritanienne de Soutien au Peuple Sahraoui, présidée par M. Mohamed Fall Mila. Cette ligue, contribuera sûrement au renforcement de cette relation qui unit nos deux peuples frères et voisins.

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