Par Andala Breika
On ment pour cacher une réalité ou en créer une, pour s’économiser l’effort d’une explication, pour se protéger soi-même ou un autre, pour obtenir des privilèges, des faveurs, des avantages, on ment pour se valoriser, entretenir chez les autres une image idéalisée de soi-même, souvent très loin de la réalité. Parfois l’illusion construite dans le mensonge est si parfaite qu’on commence à y croire, comme menteur. On se ment alors à soi-même. À ce stade, on glisse vers la pathologie: la mythomanie. C’est le système maniaque de la menterie qui s’énonce sans contrôle. Les mythomanes demeurent de mauvais menteurs car les bons savent doser.
La tâche qui le goubernement s’est donnée dans le but de projetter une image extérieure d’un Maroc moderne, stable, démocratique et respectueux des droits de l’homme est une mission qui s’est avérée impossible à cause de la réalité quotiedienne. Cela a conduit les responsables marocains à devenir des véritables professionnels de la mythomanie.
Premier mensonge : « Le Maroc change »
« Le Maroc change! ». Depuis quelque années, cette formule qui ressemble étrangement à un slogan de campagne électorale est sur toutes les lèvres. Le gouvernement et les autorités du pays l’utilisent sans cesse. Selon eux, grâce à l’avènement du nouveau millénaire et le changement de monarque, le Maroc serait entré de plein-pied dans la modernité. Les experts internationaux usent également sans modération de cette affirmation. Chaque fois qu’ils sont interrogés, ils n’hésitent pas à déclarer que le progrès répand désormais ses bienfaits sur l’ensemble du pays. Dès lors, l’information se propage dans toutes les rédactions. Repris avec empressement par la presse et les médias, relayé et diffusé à toute la planète via Internet, ce mensonge est en passe de devenir une vérité absolue. Alors que la réalité vécue par les citoyens est faite de misère criante, d’inégalités sociales flagrantes et d’injustices évidentes. La justice incarcère des citoyens pour outrage à la personne du roi, la police frappe et arrête systématiquement les participants aux manifestations, la RTM, même devenue Al Aoula, continue d’ouvrir invariablement ses journaux d’informations sur les activités royales (avant, dans le générique du téléjournal on voyait Hassan II sur son cheval blanc. Mais comme Mohamed VI n’aime pas beaucoup les chavaux, ils pourraient mettre son image sur un jetski). La pratique de la torture est largement répandue dans les prisons et les commissariats du pays. Les autorités marocaines accusées de participer au programme américain de transferts illégaux de prisonniers. Sinistre réalité ! Le Maroc est toujours considéré comme un pays où les services de sécurité pratiquent la torture. Tout le monde est unanime là-dessus : amnesty International, Human Rights Watch, Commission NNUU à Génève, Parlement Européen…) Les sites webs du Journal Hebdo, Nichane, Al Watan alan, Youtube… censurés. Ceux qui croient ou qui prétendent croire que le Maroc change mettent sur le compte des vieilles habitudes toute atteinte aux libertés fondamentales. Ils expliquent qu’il est difficile de changer les mentalités. Ils tentent de démontrer combien les réflexes du passé, dont eux aussi affirment vouloir se débarrasser, sont ancrés dans la société. Ils oublient qu’à force de se répéter, les réflexes finissent par devenir des habitudes. Chaque année, la justice prononce des interdictions de parution et condamne des journalistes à des peines de prison et des amendes exhorbitantes conduisant directement à la faillite. Les plus optimistes, ceux qui ne perdent pas espoir et persistent à croire en des jours meilleurs – y voient une embellie quand les peines prononcées sont assorties de sursis. Bien maigre consolation !
Le retour massif des Marocains résidents à l’étranger lors de la période estivale attisera les envies de départs de ceux, nombreux, qui ne se voient plus vivre chez eux. Au bout du compte, un changement majeur s’opère : à défaut d’éclaircie, le ciel s’assombrit. Les petits métiers – porteurs de précarité – se développent. Le « système D » et la solidarité pour échapper à la pauvreté demeurent les seules solutions pour lutter contre la paupérisation. Pis, des diplômés « Bac + 2 » et même « Bac + 4 » finissent comme opérateurs téléphoniques dans des centrales d’appels. Et Tandis que les partis traditionnels n’ont plus aucune crédibilité chez le citoyen marocain, les partis islamistes sont entrés en scène et s’engouffrent en promettant remporter les élections communales. A moins que l’entrée spectaculaire du PAM fasse de vrais miracles.
Deuxième mensonge : le terrorisme
N’importe quelle manifestation pacifique reprimée par la force, ses participants sont immédiatement dénoncés comme des fauteurs de trouble-fêtes. Le militant des droits humain Amazigh, victime de la grossière accusation de complot avec les services secreta espagnols. Un vif souvenir de l’époque de Hassan II! Les militants sahraouis sont accusés de pratiquer le terrorisme dans les universités et dans les villes occupés du Sahara Occidental et condamnés à des années de prison parmi les délinquants d’ordre commun. Les fausses accusations sont le seul moyen que l’administration a trouvées pour réprimer l’Intifada dans les villes sahraouies.
La mythomanie marocaine va plus loin encore jusqu’à prétendre que le Front Polisario a des liaisons avec la nébuleuses d’Al Qaida dans le Sahel. Une nébuleuse qui ne va pas au-delà d’une poignée de trafiquants de cigarettes « Marlboro » dont le seul but est l’enrichissement à travers le kidnapping de touristes européens.
Le Maroc, en accusant les sahraouis de terroristes, veut faire croire au monde que la stabilité et la sécurité du pays passe par l’occupation du Sahara Occidental alors que la réalité c’est que le terreau favori de l’intégrisme est la pauvreté et l’injustice, les deux maladies chroniques du Maroc de Mohamed VI.
La menace integriste (réelle ou inventée)est un alibi pour imposer le fait accompli de l’occupation illégale du Sahara Occidental et pour effrayer les forces libérales et progressistes et de se poser en rempart contre des forces politiques que ces mêmes régimes ont parfois soutenu.
Mais les responsables marocains oublient que celui qui dit un mensonge ne prévoit point le travail qu’il entreprend; car il faudra qu’il en invente mille autres pour soutenir le premier.
D’autres mensonges ? La série de démantèlements de réseaux terroristes. Ma menace communiste à Sidi Ifni. La spécifité marocaine, plat chaud servi pour accéder au statut avancé avec l’UE. La crise financière internationale n’a eu que de faibles répercussions sur le Maroc. En 2010 il n’y aura plus de chômeur, plus de mendiants, tous les marocains vont travailler dans le tourisme, ils auront tous accès aux soins gratuits…etc…etc…
Cependant, le menteur finit toujours par être dépassé par ses mensonges, comme le dit si bien un certain poète anonyme : Le menteur finit par être dépassé par tous les mensonges qu’il a forgés , laissant entrevoir les contradictions, de toutes ses erreurs d’inattention, les cartes truquées vont bientôt s’écrouler, et le menteur sera enfin dévoilé.
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