L’augmentation du nombre d’agressions sexuelles sur les enfants au Maroc est «effarante», selon l’ONG marocaine «Touche pas à mon enfant», qui cite un taux de progression «choquant et dangereux» par rapport à 2007. L’association affirme avoir recensé 306 cas d’agressions sexuelles sur des enfants en 2008, un chiffre six fois supérieur à celui contenu dans un document de la «Coalition contre les abus sexuels sur les enfants» (collectif d’ONG des Droits de l’Homme) pour le premier semestre 2007.
Dans un rapport rendu public le 19/05/2008, «Touche pas à mon enfant» souligne que «les cas déclarés par les familles des victimes (…) ne constituent qu’un infime pourcentage des abus commis». Cela s’explique, ajoute l’ONG, par «la sensibilité de cette question au sein d’une société conservatrice comme la nôtre».
«Les agressions sexuelles sont, au Maroc, comme dans beaucoup d’autres sociétés, entourées d’une chape de silence quasi total» car elles sont considérées comme «un sujet tabou», note le rapport, et «même les victimes des sévices sexuels et leurs proches n’osent pas en parler».
L’augmentation des chiffres déclarés de la pédophilie au Maroc ne signifie pas une augmentation des victimes mais (le fait) qu’on est en train de casser des tabous», a pour sa part relativisé la ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité Nouzha Skalli.
«La pédophilie a toujours existé au Maroc, a-t-elle déclaré à l’AFP. Le fait qu’elle soit révélée au grand jour par les medias et les ONG (…) ne signifie nullement une augmentation directe du nombre des victimes de la pédophilie».
Selon Najat Anwar, présidente fondatrice de l’ONG, «l’augmentation des chiffres de la pédophilie en 2008 est due au développement d’Internet, de la persistance du phénomène des ‘petites bonnes’ et au tourisme sexuel». «Les données du rapport ont été recueillies par l’Association, a-t-elle insisté dans un entretien à l’AFP, et ne reflètent en aucun cas la réalité au Maroc. Ce ne sont que les cas que l’association a rencontrés».
«Les enfants issus de familles marocaines pauvres sont la cible la plus exposée et convoitée des agressions», ajoute ce rapport, le premier du genre depuis la création de «Touche pas à mon enfant» en 2004.
Il apparaît également que les filles «sont plus exposées aux agressions sexuelles que les garçons» et que la tranche d’âge la plus vulnérable est celle des 0 à 8 ans, selon l’étude. Les agressions «ont souvent lieu dans le milieu familial» et en des endroits réputés sûrs comme la maison, l’école ou un club sportif. «Les grandes villes sont les foyers des agressions et exploitation sexuelles sous toutes leurs formes en raison du tourisme sexuel, du travail des enfants, de la croissance du nombre d’enfants abandonnés», indique encore le rapport. «Touche pas à mon enfant» estime que «les faibles sanctions» prises par la justice à l’encontre des agresseurs d’enfants «encouragent la pérennité des agressions». L’ONG recommande «une implication des autorités compétentes, telles que la police et autres organismes» ainsi que «l’adoption de lois adaptées pour éradiquer ce phénomène».
«Touche pas à mon enfant» appelle aussi au «renforcement des sanctions» dans la législation pénale marocaine. Ce genre de comportement est monnaie courante, explique Najat Anouar, présidente de l’association « Touche pas à mon enfant » aux journalistes français. Et d’ajouter : « Pour l’heure, la police marocaine procède à des arrestations efficaces mais ce n’est pas assez. Pis encore, les procédures contre les étrangers restent très rares, du fait que les autorités craignent de porter préjudice au tourisme en ternissant la réputation du pays. » Là où le bât blesse, c’est que des associations qui oeuvrent pour sauver les enfants marocains de la dépravation existent, mais elles restent impuissantes toutes seules face à cette situation alarmante. Il est grand temps de sortir la ville ocre et Agadir de la débauche patente qui y sévit en se prémunissant d’outils juridiques à même de combattre ces abus et vices.
La réalité vécue par les enfants marocains issus de familles citadines ou rurales défavorisées est donc bien éloignée de l’idéal énoncé par l’ONU. La violence, les enfants la subissent sous plusieurs formes : selon l’Organisation Internationale du Travail, le Maroc reste aux côtés de la Chine et de l’Inde « l’un des pays présentant les pires formes de travail des enfants ». Leur nombre est évalué à 600.000, dont l’âge s’échelonne entre 6 et 15 ans. les salaires se situent en dessous de toutes les normes, les heures ne sont aucunement réglementées. Les garçons occupent des emplois dans les commerces ou des entreprises.Les filles sont employées dans le textile et de nombreuses autres, entre 7 et 10 ans, recrutées dans les campagnes et littéralement achetées à des parents très pauvres, deviennent les « petites bonnes » taillables et corvéables à merci dans les familles citadines. Des tentatives pour scolariser quelques heures par semaines ces enfants travailleurs restent des exceptions.Ceux qui ne peuvent plus supporter les conditions de travail accompagnées assez souvent de brutalités commises par l’employeur, s’enfuient et vont grossir le flot des « enfants des rues » issus de familles pauvres déstructurées, enfants de mères célibataires, enfants abandonnés.Ces enfants, certains très jeunes, vivent dans l’insécurité totale de la rue, sans aucune hygiène, mal nourris, exposés à l’exploitation sexuelle dès dix ans, aux rafles de la police, emprisonnés souvent puisque le vagabondage est un délit…
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