Tout a commencé avec une démission forcée par le Front Polisario. Le départ de Van Walsum apportait un mauvais présage pour le Maroc : La communauté internationale n’est pas prête à forcer la main pour imposer l’autonomie au peuple sahraoui. Le Maroc n’est pas content de la suite des évènements et il veut le faire savoir. La rapide désignation de son successeur affichait clairement une volonté onusienne de sortir définitivement d’un conflit qui a trop duré. Les déclarations de la secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice lors de son périple en Afrique du Nord ont suscité l’anxiété du Maroc avec sa formule a deux tranches : « Il y a de bonnes idées sur la table ». Dès lors, le Royaume chérifien commence à se poser des questions quand à la position de Washington sur la question du Sahara Occidental, surtout au cas où Barack Obama arriverait à la Maison Blanche.
L’Amérique ne veut plus de cette situation de blocage qui ne sert pas du tout la sécurité et la stabilité dans la région, des facteurs basiques pour la lutte conjointe contre le terrorisme au Sahel. L’Europe, pour sa part, encourage la revitalisation de l’UMA comme seul moyen cohérent de fortifier les échanges économiques. L’Algérie, pour sa part, avec son refus d’ouvrir les frontières avec le Maroc en dehors d’une solution globale à tous les contentieux a exprimé son désir de faire pression pour trouver une solution juste et définitive du problème du Sahara.
L’engagement américain à côté du secrétaire général des Nations Unies a pour but de créer un nouveau cadre pour les relations inter-maghrébines. Ce nouveau cadre devra être édifié tout en respectant la légalité internationale, à savoir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, l’unique contexte possible pour assurer la paix dans la région. La communauté internationale n’a pas l’intention d’utiliser le Chapître VII, mais affirme sa volonté d’en finir avec le problème du Sahara Occidental sur base d’un accord consenti mutuellement, comme l’ont souvent répété les résolutions onusiennes. La dernière résolution de la IV Commission a bien rappelé que l’affaire du Sahara Occidental relève de la responsabilité des Nations Unies.
Les craintes du Maroc ne sont pas infondées, il n’a pas encore donné son assentiment à cette nomination imposée par les américains une semaine à peine après la démission du diplomate néerlandais. L’acceptation de ce rapide « atterrissage » de Christopher Ross à la place de Peter Van Walsum ne peut signifier que l’acceptation de la nouvelle conjoncture. Une conjoncture qui laissera une place respectable au rêve du peuple sahraoui d’avoir un « chez-soi » après 33 ans d’exode.
David Welch, l’adjoint de Condoleeza Rice a essayé de rassurer le Makhzen en faisant des louanges au plan d’autonomie marocain, même s’il n’a pas caché sa caducité lorsqu’il a souligné qu’il était « l’initiative la plus substantielle dans un certain temps » et qu’il « précise une considération sérieuse » tout en invitant le Front Polisario à présenter une « proposition créative ». Il a ajouté « si l’autre partie a sa propre vision doit suggérer des changements pour avancer, comme dans toutes les négociations ». Avancer ne veut pas dire forcément accepter les conditions préalables du Maroc pour reprendre toute négociation, à savoir, la soumission au fait accompli du plan d’autonomie et des caprices marocains.
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